La démocratie en crise…
Pour la FSGT[1], il existe un enjeu à questionner le rôle des associations sportives dans la formation du citoyen. Plus encore dans une période qui incline à l’abandon de la chose politique et à la perte de confiance démocratique. Alors quels enseignements peut-on tirer de la crise politique actuelle ?
Dans la période 2016 à 2018, le comité FSGT avait travaillé les questions du fonctionnement démocratique et de la participation des adhérents aux décisions qui les concernent. Il est intéressant d’y revenir…Nous écrivions en 2016 : « Les politiques néolibérales de ces 30 dernières années ont produit du repli sur soi, de la précarité et de l’exclusion. Cette crise économique s’est accompagnée d’une crise politique et démocratique – en témoigne la montée de l’abstention lors des dernières élections. On assiste ainsi à la crise de la démocratie représentative qui réduit l’exercice de la citoyenneté au seul temps des élections, personnifie les débats et les enjeux autour de la personne du président et met de côté la nécessaire analyse des besoins profonds et fondamentaux de la population pour construire un projet politique ».
Le système associatif a longtemps participé du renouveau de la participation à la vie démocratique
Entre le service public et le marché, le système associatif en France assume des fonctions singulières, et ce, depuis la création des premières mutuelles et coopératives ouvrières au 19ème siècle. Ces fonctions sont de trois ordres : Former des consciences, revendiquer des moyens publics, s’organiser ensemble pour développer des actions et des réponses d’intérêt général. Des fonctions originelles qu’il faut toujours préserver quand on se revendique de la vie associative.
La démocratie est fragile… y compris dans les associations.
Si le modèle associatif représente lui aussi un lieu de démocratie et de citoyenneté, ce modèle peut s’abimer. En effet, fragilisées par la baisse des financement publics, les associations sont à la croisée des chemins : coincées entre la logique du système marchand qui fabrique des consommateurs et celle des politiques publiques qui tendent de plus en plus à l’instrumentaliser par des appels à projet, elles risquent de s’éloigner de leur esprit fondateur et du projet qui a conduit à leur création.
L’examen des expériences de vie démocratique dans nos associations sportives le révèle. C’est l’association qui doit continuellement se transformer en son sein. En ayant pour priorités de développer la responsabilisation de ses adhérents, de favoriser la participation aux débats et aux formes collectives de travail et de décision.
Prendre des décisions demeure un problème fondamental qui est au cœur de la vie associative[2].
« La décision est nécessaire dans une organisation et en règle générale les associations mettent en place un système de représentation et de délégation pour prendre les décisions. Les assemblées générales valident ou invalident l’activité des représentants. Si ce système est fonctionnel pour quelques grandes décisions, il est inefficace pour les décisions courantes … De plus il porte une contradiction : la délégation tient lieu de participation… ! La FSGT considère que la décision est d’abord un processus et pas un moment isolé ni éloigné du terrain qui motive la décision. Sa prise en compte doit permettre d’associer tous ceux qui sont concernés par les effets de la décision. C’est la garantie de son efficacité, de la participation de tous à la mise en œuvre de la décision.
Trois moments de ce processus sont particulièrement importants :
- Le débat démocratique : Il a pour fonction d’éclairer les problèmes et les options de solutions en présence.
- La lisibilité de l’issue du débat : Le débat doit éclairer l’objet de la décision, la question à résoudre et les moyens proposés pour y parvenir. Il permet de distinguer les vrais problèmes de ceux qui ne sont que l’expression de confusions et d’interprétations discordantes.
- L’acte de décision : Il dépend de l’importance de la question posée, de son degré de clarification et du nombre de personnes concernées par l’acte de décision. De l’accord tacite, à l’expression à main levée en passant par le vote à bulletin secret, chaque forme peut avoir sa pertinence et sa légitimité. La forme choisie fait sens.
En conclusion :
Quand on raisonne citoyen, on dépasse le statut de bénévoles, pratiquants, présidents ou salariés. Cela sous-entend qu’il y a de la citoyenneté qui s’exerce déjà et qu’il convient de reconnaitre à égalité des structures officielles de direction et de représentation.
Dès lors, à côté du modèle de la représentation et du présidentialisme, ne faut-il pas développer la participation des adhérents à la vie démocratique de l’association ? Ne faut-il pas cultiver du collectif et des collectifs ? Et plutôt que de d’abord chercher à prendre des décisions comme des solutions toutes faites, ne faut-il pas prioriser les temps d’analyse et de compréhension des problèmes ? Face à la crise de pilotage des associations sportives, c’est le modèle démocratique des associations qu’il faut questionner… y compris celui du comité FSGT.
[1] L’article 1er des statuts de la FSGT à sa création : « préparer les adhérents à leur rôle de citoyens au service d’une République laïque et démocratique »
[2] Les actes du séminaire du comité FSGT 94 sur la fabrique de l’engagement – décembre 2018